01 Jan Eloge de la lenteur – 2002
pastels 2002-2002
Pastel, crayon gras et fusain sur toile
140 x 100 cm
LE LOCLE – Philippe Grosclaude expose une impressionnante série de pastels et de monotypes.
« J’avais besoin d’une technique rapide parce que je travaille lentement. » Paradoxal, Philippe Grosclaude ne l’est pas seulement dans son œuvre, qui met en scène les élans les plus contradictoires (apparition/disparition, violence/douceur, précipitation/retenue), mais dans sa manière de peindre, puisque l’artiste genevois a depuis longtemps renoncé aux pinceaux et aux tubes de couleurs.
Son outil de prédilection, c’est le pastel, que l’on associe à tort à des couleurs insipides, roses pâles ou bleus délavés. Grosclaude s’en empare avec la vigueur expressionniste d’un artiste pour qui le geste pictural est indissociable de la réflexion: couche après couche, il fait surgir de ses toiles aux formats imposants des univers incertains, architectures aléatoires, concrétions abstraites ou transparences suggestives. Extraordinairement lumineuse et dense, la matière vibre à travers l’accumulation de ces strates colorées. «La lumière doit jaillir par-derrière, chaque couche révélant la précédente», explique le peintre pour qui cette manière de travailler, calme et obstinée, tient à la fois de l’artisanat et de la méditation.
[…] Par son regard profondément humaniste, qui refuse le désengagement de l’abstraction tout autant que la désignation figurative, il dérange bien plus subtilement qu’il n’y paraît.