Exposition Château d'Avenches
Exposition Château d'Avenches - Henri Presset - Philippe Grosclaude
Henri Presset – Philippe Grosclaude

17 mai – 22 juin 2003
Galerie du Château d’Avenches

L’ART COMME POUR ECLAIRER LE MONDE

EXPOSITION • Philippe Grosclaude et Henri Presset exposent à la galerie du Château d’Avenches. Une belle rencontre, empreinte d’humanité !

« Si le monde était clair, l’art ne serait pas » . Cet aphorisme d’Albert Camus s’applique bien aux œuvres de Philippe Grosclaude et Henri Presset, deux artistes genevois qui exposent conjointement à la galerie du Château d’Avenches. Le premier interroge la condition humaine dans des tableaux au charme inquiet le second modèle dans le fer une statuaire d’une émouvante douceur. Chacun à sa façon poursuit sa quête obstinée de la perfection, sa propre raison de croire que la beauté peut éclairer le monde.

Il y a bien longtemps que Philippe Grosclaude a abandonné pinceaux et tubes de peintures au profit du pastel, une sorte de craie qu’il superpose en d’innombrables couches jusqu’à -obtenir une matière intense et lumineuse, dominée par des bleus vibrants et des bruns chaleureux. Ses œuvres récentes mettent en scène des architectures fantastiques, contrepoints oniriques et apaisants au chaos et à la destruction.

Plus angoissants, ses monotypes reproduisent de façon obsessionnelle des visages aux’ yeux absents, brouillés par l’aléatoire dispersion des encres. Derrière les barreaux d’une cellule du château, une série de portraits prend des allures de réquisitoire contre la mort et l’injustice.

LA TENDRESSE DU FER

Henri Presset a choisi une série de petites pièces (certaines pèsent tout de même plus de 100 kilos) qui imposent leur présence paisible malgré l’exiguïté des lieux. Considéré comme l’un des plus grands artistes genevois depuis Hodler et Charles Rollier, le sculpteur impressionne par l’extraordinaire minutie de son travail. De la tôle épaisse qu’il découpe et assemble avec une précision d’horloger, il fait naître des figures d’une étonnante tendresse, couples anguleux, longilignes (hommage à Giacometti) ou rassemblés sur eux-mêmes, à la fois solides et fragiles. Comme par une émouvante transmutation, le fer mime la chair : assagi par la rouille, il suggère le grain de la peau ou la patine d’un bois rare.

Une belle rencontre empreinte d’humanité entre deux artistes majeurs, à découvrir jusqu’au 22 juin dans le cadre pittoresque du château d’Avenches.

Eric STEINER, L’art pour éclairer le monde, Le Liberté, juin 2003

Rail, 2000
Fidèle de longue date à la technique du pastel, qu’il applique en dizaines de couches successives, Philippe Grosclaude travaille très lentement, obstinément, sans relâche, à la manière d’un moine accomplissant son ministère.

Peinture tourmentée, peinture des tensions, des flux et des énergies : l’être humain y est sans cesse confronté à lui-même. L’artiste atteste notre difficulté d’être au monde. Les architectures dans ses compositions montrent la capacité de construire, y compris celle de se construire soi-même, inhérente à l’homme.

L’ouverture aux autres mentalités est symbolisée par les visages négroïdes qui apparaissent sur les toiles de Philippe Grosclaude, pour qui l’Afrique, par sa spontanéité et ses potentialités, représente le continent de l’avenir, qui pourrait apporter le renouveau nécessaire au monde.

 

Henri Presset
Artiste dont la grande renommée dépasse nos frontières, Henri Presset célèbre depuis plus de 40 ans le corps humain, particulièrement le corps féminin. Il en propose une interprétation totalement renouvelée, intemporelle, universelle. Dès ses débuts, il travaille le fer soudé. Cette matière et sa technique lui permettent de modeler son sujet, d’ajouter ou de soustraire la matière. Il a travaillé sous forme d’agrégats métalliques, puis a traversé une phase fortement influencée par Giacometti. Dès 1970, Henri Presset simplifie et hiératise les corps jusqu’à en faire des archétypes dont la pureté renvoie aux grandes sculptures antiques. L’œuvre « faite, finie, signée » comme le dit le sculpteur quand son incorruptible exigence l’a admis puis décidé, peut commencer à regarder passer le temps des hommes. Il en émane l’étrange impression qu’elle a toujours existé et qu’elle s’est déjà imposée à la pérennité.

PH – Henri Presset – Philippe Grosclaude, Journal des arts, juin 2003

 

Du 17 mai au 22 juin 2003
Galerie du Château Rue du Château